Contrairement à ce que le titre indique, il ne s'agit pas vraiment d'un documentaire. Visite chez grand-mère relève de la veine lyrique de la filmographie de Domink Lange. Le film se partage en trois parties : la stase, la vitesse et la contemplation. Comme dans une grande partie de ses œuvres, Lange ouvre celle-ci par une prise de possession et une transformation de lieux à l'abandon qu'il transforme par le recours à de violentes surimpressions. C'est le lieu d'où part le film. Le travail sur l'épaisseur se mue ensuite en trajet. Ici, la vitesse domine : route, passages, voie de chemin de fer défilent. La caméra trace un itinéraire qui n'est pas uniquement linéaire. La marche avant se mélange aux paysages qui défilent sur le côté offrant parfois de superbes camaïeux ocre qui frisent l'abstraction. Au bout de trois minutes, la vitesse se fige. On pénètre dans une pièce où une femme âgée est filmée de côté, de face et en contre-plongée. Visiblement, la table où s'étiolent des restes de victuailles expose la fin d'un repas proche. Aucune vérité ne nous sera communiquée sur cette femme, la grand-mère du cinéaste, si ce n'est ce bref portrait de deux minutes qui clos le film. Pudeur et acuité du regard font le reste. Raphaël Bassan (Juillet 2005)
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