Ce qui est personnel est politique. (Slogan des années 1970) Ainsi grandissent les enfants de ce temps, ne sachant pas ce qu’ils doivent, Et sachant tout ce qu’ils ne doivent pas. (Karl Krauss) La raison de vivre, l’homme l’apprend par les emblèmes, les images, les miroirs. Qui manie le miroir tient l’homme à sa merci. (Pierre Legendre) Pie XI dédia, le 29 juin 1936 à l’adresse de tous les évêques catholiques des Etats-unis, son encyclique pontifical “ Vigilanti cura ” aux “ spectacles cinématographiques ”, justifiant son intervention par “ les tristes progrès de l’art et de l’industrie cinématographique dans la divulgation du pêché et du vice ”. J’ai ainsi repris ce titre pour mon film, le détournant de sa fonction première, vers un usage contraire. Seule la “ photogénie ” de ces termes latins semble préservée, et tel que le dit Adorno, “ comme une enseigne lumineuse qu’on vient d’allumer, brille le caractère publicitaire de la culture ”. Vigilanti cura est un film irrévérencieux, insolent, volontairement confus, un fourre-tout immoral. Un film de “ mauvaise foi ”. En effet, le montage offrira la possibilité d’alterner les images d’archives officielles diverses et variées de l’Huma, avec d’autres images, médiatiques (du défilé du 14 juillet aux tristes célébrités politiques actuelles) ou cinéphiles (écriture automatique d’un puzzle de motifs empruntés à des films existants). Vigilanti cura ou simple constat figuratif de la perte de l’homme aujourd’hui, au milieu de tous les intégrismes politiques, sociaux, religieux. Où le retrouver ? Face à sa propre dépression, à son propre ego. La psychanalyse n’est plus le prétexte scientifique et révolutionnaire pour effondrer les tabous sexuels et sociaux, elle conduit de nos jours la société à se replier sur elle-même et à se regarder inlassablement, jusqu’à y laisser figés ses problèmes dans un miroir, phénomène de “ l’autoMéduse ”. Les miroirs sont nos idoles contemporaines, renversons-les !
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