The Young Prince (2007), du cinéaste philosophe canadien Bruce Elder, est à la fois un long poème baroque de près d’une heure cinquante et un manifeste séduisant et envoûtant des épousailles, pour une fois réussies, entre l’art cinéma (expérimental) et sa transfiguration par l’outil numérique. Elder a, d’abord, conçu son œuvre en pellicule. Les matériaux et textures obtenus par ce médium (images iconiques d’art pictural, de sexe, de revisitation de cinéma abstrait à la Len Lye) se croisent numériquement ensuite, se mélangent, se défient, s’imbriquent en un éblouissant et déroutant maelström de tableaux (la caméra est quasi immobile) habité par une myriade époustouflante de formes organiques et inorganiques, souples, géométriques ou éthérées. Cette osmose, aux multiples mouvements de va et vient entre l’argentique et le numérique, nous mène aux frontières d’une autre dimension (visuelle et psychique) perceptive. Les métamorphoses ainsi obtenues digitalement ont, à nouveau, été refilmées. The Young Prince présente un état très avancé de cet art de l’hybridation voulu par un cinéaste, et finalisé en film. Raphaël Bassan
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