Le temps a passé. Rien n’est immobile. L’image est mouvement. Depuis le temps de mon dernier film j’ai bougé au fond de moi. J’ai changé. Je ne suis plus à la même place. J’en occupe une autre. D’autres expériences. Puis viendra l’expérience de revoir sur le chemin des cigales, du chien et du chat. Revoir du passé. Essayer de comprendre. Sur le chemin de la promenade, j’ai capté des yeux, des corps, des routes, des danses, des statues. J’ai tourné autour pour capter la vie. La vie pleine. La vie de surface qui révèle ce qui est intérieur. Filmer c’est aimer la vie. Film fleur, film fleur aux pétales de lumières et d’ombres. Le cinéaste est le cyclope d’aujourd’hui. Pour le film, il se promène sur la peau du monde et capte de son œil enregistreur des yeux, des danses, des jeux. Film ciel, caméra scrutant, caméra vivant l’agonie du monde, caméra délicieusement couchée sur le corps de la vie. Nous sommes là, ailleurs, décentrés, avec des images qui nous traversent pour finir leur course folle dans l’œil du cyclope. Film fleur. Caméra abeille qui butine la vie. La récolte d’image faite, le film pollen est déposé sur l’écran ruche. Regarder. Toujours. Le monde est plein. Filmer c’est montrer la beauté d’une ombre, d’une statue, du mouvement, de la lumière. Film-fleur aux pétales de lumière et d'ombres. Promenons nous dans le film comme à l’intérieur d’un rêve. Promenons nous dans le rêve comme à l’intérieur d’une caméra. Promenons nous dans une caméra comme à la surface d’un corps. Donnons nous la main pour ne pas nous perdre dans ce monde immense.
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