Les chants (I, II, III, IV, V) composent la première série d’un film dont le déroulement s’inscrit en parallèle avec la vie de l’auteur. Aucun rapport cependant avec un journal, tout élément réaliste, quotidien, en étant exclu. Un seul thème parcourra toute l’œuvre : l’attente de la mort, sa présence à chaque instant de vie, l’avance inexorable du temps qui, heure après heure, jour après jour, saison après saison, marque chaque visage, chaque corps, transforme chaque regard, investit chaque lieu dans sa lumière, ses formes, ses couleurs, s’affirme face à ce que les hommes croient éternels : le flux et le reflux de la mer, la masse des rochers, leurs œuvres de pierre. . CHANT I : Prélude en noir et blanc, tourné au crépuscule, au bord de la mer, oppose des plans fixes ou des panoramiques très longs de rochers, de sable, de ciel et d’eau à des plans de visages, de chevelure de deux jeunes filles dont la présence ainsi que la lumière qui les entoure et joue avec leurs formes introduit la vie, comme arrêtée cependant. CHANTS II, III, IV : Tournés à la fin de l’hiver (Chant II), à la fin du printemps (Chant III) et à la fin de l’automne (Chant IV), en couleurs et en un seul lieu : une maison ancienne ouverte par de larges baies vitrées sur son jardin, jouent sur l’interpénétration, tant au niveau de la lumière, des couleurs que des formes de l’intérieur et de l’extérieur. CHANT V : Postelude en noir et blanc, tourné à l’aube, dans les mêmes lieux que le Prélude, plusieurs mois après, fait apparaître plus épurée, presque abstraite, chaque forme sous la lumière blanche, froide, éclatante du petit matin. (. . Il y a enfin la poésie : elle trouve des moments de grande force avec Jean-Paul Dupuis qui filme des instants, des vacuités, des ouvertures, des temps pour prendre le temps, des images de l’imaginaire bâti sur le réel, sur un contre-jour, une lumière, une ombre, une jeune femme, un visage. Il filme l’intemporel, le vagabondage et amène le spectateur au voyage à apporter ses souvenirs — qu’il inventerait — sur ces instants volés au temps. C’est admirable (et ces images sont si belles en elles-mêmes. . . Roger Balovoine, Paris Normandie, mars 1981.
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