Prix du Court Métrage Festival International du Jeune Cinéma de Toulon- HYERES 1974 ‘C’est pourtant le type même du chef-d’œuvre fulgurant, qui ne ressemble à rien de connu (même si l’on peut, par approximation, évoquer Goya ou l’Expressionnisme allemand). Même au niveau du discours que l’on peut, ou que l’on ne peut pas tenir sur lui, c’est un film qui provoque le malaise. La musique (de Michèle Bokanowski) est aiguë, faite, dirait-on, de sifflements de vent, de bruits de soucoupe volante ou de trompettes tibétaines et de bribes de paroles dans une langue indiscernable. Comment ce que l’on voit a-t-il été obtenu ? Il y a parfois des surimpressions, ou bien des personnages ‘réels’, portant des masques grotesques, frankensteiniens ou un bas sur le visage, filmés à travers un verre sale, ou bien interviennent des éléments dessinés, (un personnage ou des volumes traversent le champ et s’assemblent en une forme étrange et cohérente) le résultat est que l’espace de ce film est constamment brouillé ; c’est un film sans sol et qui par conséquent désoriente le spectateur le mieux assis. Si l’on remarque que ces créatures (parmi lesquelles certes, parade un bref instant une femme qui se poudre) se livrent lentement à des actes que l’on ne comprend pas mais dont on pressent l’épouvantable jeu (s’agit-il d’un assassinat ?) si l’on observe comment deux personnages ‘réels’ se changent tout à coup en taches d’encre cependant qu’un bombardement de météorites dessinées ou peintes frappent la terre, si l’on repère tel personnage continuant à verser du café dans une tasse pleine qui déborde en longue traînée sombre, on se dit qu’est à l’œuvre, dans ce film noir, déroutant, la logique du cauchemar.’ D. Noguez.
Credits