Kitab al-Isfar: Book of the Journey, de Baba Hillman – un vrai chef-d’œuvre en son genre – n'est pas un film expérimental stricto-sensu, car il n'y a pas de protocole (s) comme chez Michael Snow ou Hollis Frampton. Est-ce vraiment un film-essai comme ceux de Marker ? Pas vraiment, car Maker sait ce qu'il cherche et emprunte des chemins de traverse alambiqués pour le trouver et nous le proposer. Ici, la quête est triple : cinématographique, personnelle et spirituelle (on peut donner diverses acceptions à ce terme). Ces trois principes se mélangent et donnent la configuration d’une expérience au sens mystique du terme : ce qui est, ici, recherché. La question est aussi : le cinéma peut-il traduire la pensée mystique ? Oui. Ce film le prouve. Les images qui en découlent sont comme « psycho branchés » sur le système nerveux et tentent de restituer l'expérience mystique (proche des limites de l'être, de l'esprit et de l’écriture) d’un des maîtres de la pensée soufie, Kitab al Isfar, polyglotte comme le film qui chevauche au moins trois langues, l'espagnol, l'arabe et l'anglais. Sans compter le langage sophistiqué du cinéma. (Raphaël Bassan)
Credits