L’origine du poème "Diapositive" raconte un voyage à Kamakura, ville proche de Tokyo, où se trouve le tombeau du réalisateur Ozu. Il s’agit, à notre manière enjouée touristes dans tel temple, devant telle vue du Fuji san de prendre la photographie qui restituera le lieu dans cet au-delà où, présents, nous l’avons trouvé : lieu / flamme non éteinte. Dans les derniers films du Maître japonais, la caméra n’effectue plus aucun mouvement et nous pensons à un monument : imposant, immobile. "Diapositive" est ce qui est conservé du trajet jusqu’au monument. Il n’est pas certain, à la fin, que quelque chose ait été trouvé (sans doute rien) ; cependant, nous ne pouvons pas nous résoudre à revenir les mains les yeux l’intérieur du crâne vides. Sur la pierre, par-dessus le tombeau, est écrit le mot Néant. Ce n’est pas Ozu Yasujiro qui a choisi ce mot sûrement un proche, un ami. Néant et, justement, nous ne trouvons rien. C’est d’avoir, au monument, brassé l’air ce jour de février, qui nous permet d’être intronisés touristes et de préparer, au retour, cette diapositive." (Benoît Reiss) Le film En lisant le poème, un univers sonore nous est tout d’abord apparu : une voix intérieure s’élevait au cours de ce pèlerinage. Nous avons ensuite cherché à travailler la matière même des mots, leur sens, le rythme qu’ils induisaient, leur musique. Le montage en haïkus s’est doucement imposé. Le poème, ainsi que nos images glanées au fil du temps, s’y prêtaient particulièrement. (David Bart et Laurence Balan)
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