Le film est une longue lettre sans destinataire nommé. Le texte de la lettre accompagne le fleuve, la Seine et les ponts de Paris filmés à contre jour, à l’envers avec les silhouettes sombres du peuple obscur des passants, des anonymes. Le texte, le film, comme ce fleuve, avance (comme la route du “Camion” était le film lui même), traverse la ville ancestrale, entouré des falaises des quais. Derrière l’eau et les pierres sont enfouis le petite et la grande histoire, l’amour, la mort. Un chat affamé dans un jardin conflue avec les camps de la mort. Le film, le texte s’adresse à chacun d’entre nous. C’est une lettre d’amour totale et universelle d’une jeune fille juive, exigeante romantique et déterminée (comme le Stein de “Détruire dit elle”), qui nous parle, nous écrit, loin très loin, de ce Melbourne aux antipodes des charniers de Pologne. “C’est un vide au milieu de l’image le fleuve. Il n’en reste rien que ce chemin là. Le fleuve. C’est par ce chat maigre et fou, maintenant mort, par ce jardin immobile autour de lui que je vous atteins.” Marguerite Duras
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