Avec une attention tendue, je me suis promené dans Arles Dolorosa qui m’a vu naître, grandir, rêver, aimer, je me suis promené avec ma caméra-stylo pour inscrire la lumière vive sur la pellicule, un été. Ce soleil sur les visages. Ces ombres sur les pierres. Cette vieillesse habitée des maisons. Cette chaleur. Au noir des toros s’ajoute la beauté des visages de pierre des statues antiques romaines. J’ai voulu capter l’antique. J’ai voulu capter la vie dans l’antique. J’ai voulu capter les fantômes du passé qui attendent derrière le réel. J’ai filmé la douleur du toro qui meurt doucement par une après-midi chaude dans l’amphithéâtre romain d’Arles. Cette mort lente est la mort de la vie, de la force et de la beauté. Tous ces visages aimés et filmés me renvoient à un passé proche et lointain à la fois. Pierres usées par le vent, visages de femmes sensibles, portraits de statues expressives, fleuve par lequel descendent mes rêves, rues de mon enfance, souvenirs d’ambiances qui m’habitent toujours, soleil adoré diffusant sa lumière sur les êtres et les objets pour en faire jaillir la beauté, voilà le film. J’ai filmé. Je me suis filmé à travers ce portrait de ma ville. Je suis là-bas toujours et à jamais, mêlé à ces pierres, à ces rues, à ce vent, à ce fleuve, à ce cloître, à cet amphithéâtre. Même à cette lumière si précieuse pour pouvoir faire le film. J.G.
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